En Côte d’Ivoire, l’ASEC Mimosas ne brille pas seulement par ses résultats sportifs ou son palmarès prestigieux. Le club jaune et noir s’impose aujourd’hui comme une référence nationale en matière de gouvernance et de viabilité économique dans le secteur sportif. Alors que la professionnalisation du football s’accélère sous l’effet de la dynamique post-CAN 2023 et des exigences accrues des instances dirigeantes (FIF, CAF, FIFA), le modèle économique de l’ASEC mérite une attention particulière.
Le club a récemment publié son bilan financier de l’année 2024, faisant preuve de transparence dans sa gestion. Selon ce document, le groupe ASEC Mimosas a enregistré un résultat net consolidé de 1,160 milliard FCFA. Bien que légèrement en baisse par rapport à 2023 (1,173 milliard FCFA), ce chiffre confirme la bonne santé financière du club. L’Association ASEC Mimosas, entité principale du groupe, a affiché un bénéfice de 1,226 milliard FCFA, tandis que les autres structures du groupe ont réduit leur déficit à seulement 66 millions FCFA, contre 91 millions un an plus tôt. Le chiffre d’affaires global du groupe s’est établi à 3,849 milliards FCFA, en progression de 68 millions FCFA par rapport à 2023. Cette performance repose en grande partie sur la vente de joueurs, qui a rapporté 2,11 milliards FCFA, soit 61 % des recettes totales. Ce résultat illustre l’efficacité de l’Académie Mimosifcom dans la détection et la formation de jeunes talents à fort potentiel.
Baisse des subventions, mais résilience affichée
Le club a aussi noté une baisse de 487 millions FCFA des subventions reçues de la CAF, de la FIF et des sponsors, lesquelles sont passées à 997 millions FCFA. Cette diminution est liée notamment aux résultats sportifs moins convaincants de l’équipe professionnelle durant la saison. Néanmoins, l’ASEC a su faire preuve de résilience en misant sur ses activités annexes pour équilibrer ses comptes. Les revenus issus des entités non sportives du groupe (SCI Sol Béni, ASEC Communication, CNACO, etc.) ont atteint 367 millions FCFA. Les activités de loisirs, la radio RJN, la vente de produits dérivés et les aides spécifiques, comme celles du GEPCI, ont également contribué à maintenir un niveau de recettes stable. Cette stratégie confirme que le club a su valoriser son image de marque et ses infrastructures pour générer des revenus complémentaires.
La publication volontaire de ce bilan par le club témoigne d’un engagement envers la transparence et la bonne gouvernance. Le fonctionnement du club repose sur une vision entrepreneuriale, avec des objectifs clairs, une organisation structurée et une politique d’autofinancement assumée. Dans un paysage footballistique national encore marqué par l’amateurisme, l’ASEC Mimosas fait figure de pionnier. Le cas de l’ASEC prouve qu’un club ivoirien peut atteindre une autonomie financière tout en restant performant sportivement. À l’heure où la Fédération Ivoirienne de Football encourage la professionnalisation des clubs, l’exemple des Mimosas devrait servir de guide aux autres structures sportives du pays. Former, structurer et diversifier ses revenus : voilà les piliers d’un football ivoirien plus moderne et plus durable.
Gael ZOZORO