En Côte d’Ivoire, la contrebande des matières premières agricoles telles que le cacao, le café et l’anacarde continue de fragiliser le secteur agricole national. Malgré des efforts visibles depuis fin 2024, les autorités reconnaissent que la stratégie actuelle doit évoluer pour être plus efficace.
C’est le message fort lancé par Brahima Yves Koné, Directeur Général du Conseil du Café-Cacao (CCC), à l’issue d’une rencontre tenue le 11 juillet avec la Commission des Affaires Économiques et Financières de l’Assemblée nationale. Selon lui, le défi ne se limite pas au cadre juridique, mais relève d’un véritable manque de civisme :
« Le problème de la fuite du café-cacao vers les pays limitrophes n’est pas lié à une question de dispositif législatif. C’est un problème de comportement citoyen qui nécessite une prise de conscience nationale et citoyenne. »
Cette déclaration remet en cause la dépendance exclusive aux mesures de contrôle aux frontières, et plaide pour une approche plus globale incluant l’éducation civique et la sensibilisation des populations.
Lancée en décembre 2024, l’opération Verrou 322 illustre la riposte du gouvernement : elle a permis la saisie de 594 tonnes de cacao jusqu’en avril 2025. Cependant, la réalité sur le terrain reste préoccupante.
Dans un communiqué publié le 16 juillet, le CCC indique que plus de 100 tonnes de cacao, café et anacarde sont toujours acheminées chaque semaine de façon illégale vers les pays voisins, rien que dans la région de l’Ouest montagneux. Ce trafic prive la Côte d’Ivoire de ressources financières précieuses.
Face à cette situation, le régulateur change de cap : « L’accent doit être mis sur l’éducation à la culture citoyenne pour quelque peu endiguer ce phénomène qui ruine l’économie nationale tout entière », a insisté M. Koné.
Dans cette dynamique, la Commission parlementaire a initié une mission d’information, qui s’étendra du 14 au 31 juillet dans plusieurs zones frontalières (Nord, Nord-Ouest, Est et Ouest). L’objectif : identifier les causes profondes du phénomène et proposer des solutions durables.
L’impact de la contrebande dépasse la simple sphère agricole. En 2023, l’État ivoirien a perçu 288,6 milliards FCFA (512,5 millions USD) en taxes à l’exportation sur le cacao, le café vert et la noix de cajou, soit 66 % des recettes totales perçues sur les exportations agricoles.
Réduire les pertes liées à la contrebande est donc crucial pour préserver l’équilibre budgétaire du pays et financer les politiques de développement.
Maël ESPOIR