À moins de dix jours de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, les autorités ivoiriennes sont pointées du doigt pour leur gestion musclée des manifestations pacifiques. Dans un communiqué publié ce jeudi, Amnesty International appelle le gouvernement à mettre fin à la répression et à garantir le respect du droit de manifester.
Selon l’organisation de défense des droits humains, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes le 11 octobre pour disperser des groupes de jeunes tentant de se rassembler pacifiquement dans le quartier de Cocody, à Abidjan. Les autorités ont reconnu 237 arrestations dans la capitale et 18 à Dabou, à une quarantaine de kilomètres, sans préciser les chefs d’accusation retenus.
« Toute personne détenue pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains doit être libérée immédiatement », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. Il a également appelé les autorités à garantir aux personnes arrêtées l’accès à un avocat et à informer rapidement leurs familles.
Ces événements surviennent après une décision du Conseil national de sécurité (CNS), annoncée le 2 octobre, ordonnant que toutes les « mesures nécessaires » soient prises pour maintenir l’ordre pendant la période électorale. Cette directive inclut l’interdiction de tout rassemblement contestant les décisions du Conseil constitutionnel. Dans la foulée, le préfet d’Abidjan a interdit des manifestations prévues les 4 et 11 octobre par des partis d’opposition.
Amnesty International dénonce ces interdictions comme « disproportionnées » et contraires aux obligations internationales de la Côte d’Ivoire.
« Les autorités échouent à respecter le droit à la liberté de réunion pacifique », souligne Marceau Sivieude, rappelant que ces droits sont garantis par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, tous deux ratifiés par le pays.
Le climat politique ivoirien est particulièrement tendu depuis l’annonce, début 2025, de la candidature du président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat. Le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures, excluant notamment deux figures majeures de l’opposition qui avaient annoncé une alliance en juin pour réclamer une alternance politique.
En réaction, ces opposants ont formé un Front commun et appelé leurs militants à descendre dans la rue. Les interdictions répétées de manifestations et les arrestations massives ont ravivé les craintes d’une montée des violences à l’approche du scrutin.
Amnesty International exhorte les autorités ivoiriennes à adopter une approche de désescalade et à ouvrir un dialogue politique inclusif afin de prévenir tout dérapage.
L’organisation rappelle que « la manifestation pacifique est un droit, non un privilège » et que le rôle des forces de sécurité doit être de protéger les citoyens, non de les intimider.
La communauté internationale, tout comme les observateurs locaux, suit avec une attention particulière cette période préélectorale à haut risque, alors que le pays cherche à éviter la répétition des violences post-électorales de 2010.
GZ