Maroc : la réforme du Conseil national de la presse suscite une vive contestation

Au Maroc, le projet de loi visant à réorganiser le Conseil national de la presse (CNP) provoque une levée de boucliers au sein de la profession. Adopté en juillet 2025 par la Chambre des représentants, le texte est actuellement examiné au Parlement. Mais pour les syndicats de journalistes et plusieurs organisations de défense des droits humains, cette réforme menace l’équilibre démocratique de l’instance d’autorégulation de la presse créée en 2018.

Selon le projet de loi, le futur CNP comptera 19 membres au lieu de 21, dont sept journalistes élus (parmi eux trois femmes) et neuf éditeurs. Cette nouvelle configuration, jugée défavorable aux représentants des journalistes, a été dénoncée dans un communiqué conjoint du 21 octobre signé par le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et d’autres organisations professionnelles.

Ces dernières estiment que le texte minore la présence des journalistes au sein du Conseil et a été préparé sans réelle consultation des instances représentatives de la profession.

“Ce projet porte atteinte à la transparence, à la démocratie, à l’équilibre et à l’indépendance qui constituent l’essence même de l’autorégulation de la presse”, a déploré le SNPM lors de la réunion de son bureau exécutif, tenue le 27 septembre dernier.

Appel à la mobilisation et au dialogue

Face à ce qu’ils qualifient de recul démocratique, le SNPM et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) appellent à une révision immédiate du texte.
Dans un communiqué, Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a apporté son soutien à la demande de retrait ou de report du projet :

“Nous soutenons la demande de notre affilié d’un retrait du projet de loi ou de report du débat afin de le renvoyer à la table du dialogue, pour parvenir à un texte concerté, fidèle à la Constitution marocaine et respectueux de la pluralité syndicale.”

Le 22 octobre, plus de 400 journalistes, syndicalistes et représentants d’organisations professionnelles se sont rassemblés devant le Parlement à Rabat pour dénoncer le projet de loi et réclamer une véritable concertation nationale.
Les participants ont appelé le gouvernement à préserver l’indépendance du CNP, garant essentiel de la liberté de la presse et du pluralisme médiatique au Maroc.

Un enjeu démocratique majeur

Pour de nombreux observateurs, cette réforme illustre les tensions persistantes entre les autorités et les acteurs du secteur médiatique. Le CNP, conçu à l’origine comme un organe d’autorégulation indépendant, risque selon eux de perdre sa crédibilité si sa composition devient déséquilibrée au profit des éditeurs ou d’une tutelle politique indirecte.

Alors que les débats se poursuivent au Parlement, la profession reste mobilisée. Les organisations de presse espèrent que le gouvernement privilégiera le dialogue et la concertation afin de préserver les acquis démocratiques de la presse marocaine.

Mael Espoir

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