20e session de la CMAE à Nairobi : le ministre Assahoré plaide pour une feuille de route africaine sur le marché du carbone

La 20e session ordinaire de la Conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE) s’est ouverte le mercredi 16 juillet 2025 à Nairobi, au Kenya, sous la présidence du ministre ivoirien de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, Jacques Assahoré Konan. Cette rencontre, organisée par le Gouvernement de l’État de Libye, marque également les 40 ans de cette importante instance panafricaine dédiée à la coordination des politiques environnementales.

En sa qualité de vice-président du bureau de la CMAE, le ministre Assahoré a présidé la réunion de bureau ainsi que la cérémonie officielle d’ouverture. Dans son allocution, il a mis l’accent sur la nécessité pour l’Afrique de mieux exploiter le marché du carbone, un mécanisme encore trop marginalisé dans les politiques climatiques du continent.

Selon lui, l’Afrique dispose de nombreux atouts naturels permettant de générer des crédits carbone : forêts, mangroves, savanes, pratiques agricoles durables, énergies renouvelables, etc. Pourtant, très peu de pays africains parviennent à accéder efficacement à ce marché en raison d’obstacles techniques, institutionnels et économiques.

« Le sujet reste largement marginalisé dans nos propres espaces politiques. Trop souvent, nos discussions sur le financement climatique se limitent aux fonds publics multilatéraux ou bilatéraux, pourtant insuffisants et complexes d’accès », a déploré le ministre.

M. Assahoré a illustré son propos par l’expérience de la Côte d’Ivoire. Grâce à un programme de réduction des émissions de CO₂, le pays a récemment bénéficié d’un financement de 50 millions de dollars de la Banque mondiale, via le Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FPCF). Ce programme a permis de réduire 7 millions de tonnes de CO₂ entre 2020 et 2021, dont 50 % des bénéfices ont été reversés aux communautés locales engagées dans l’agroforesterie.

Le ministre a profité de cette tribune pour proposer des actions concrètes à la CMAE. Il a notamment suggéré : l’élaboration d’une feuille de route africaine alignée sur l’Article 6 de l’Accord de Paris ; la mise en place d’un groupe de travail ministériel dédié au partage d’expériences et de bonnes pratiques ; l’organisation d’un forum continental annuel sur le marché du carbone ; et la mobilisation d’un appui technique panafricain pour accompagner les pays dans la structuration de projets certifiables, le renforcement des systèmes MRV et le partage équitable des bénéfices.

En plus de ces propositions, cette session de la CMAE permettra de formuler des orientations politiques communes pour préparer la participation du continent aux grandes échéances environnementales internationales. Il s’agit notamment de : la COP15 de la Convention de Ramsar (Zimbabwe) ; la COP6 de la Convention de Minamata et la 5e session du Comité intergouvernemental de négociation (Suisse) ; la COP30 de la CCNUCC (Brésil) ; la COP20 de la CITES (Ouzbékistan) ; et la 7e session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement (UNEA-7) prévue au Kenya.

En marge des travaux, le ministre Assahoré a rencontré plusieurs partenaires techniques et financiers, dont ceux du PNUE et du FEM, ainsi que la ministre d’État de la République Démocratique du Congo en charge de l’Environnement, Mme Ève Bazaiba Masudi.

Mael Espoir

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